Histoire, culture et environnement

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“La terre est assez vaste pour nous porter tous sur son sein”

La terre est assez vaste pour nous porter tous sur son sein, elle est assez riche pour nous faire vivre dans l’aisance. Elle peut donner assez de moissons pour que tous aient à manger ; elle fait naître assez de plantes fibreuses pour que tous aient à se vêtir ; elle contient assez de pierres et d’argile pour que tous puissent avoir des maisons. Tel est le fait économique dans toute sa simplicité. Non seulement ce que la terre produit suffirait à la consommation de ceux qui l’habitent, mais elle suffirait si la consommation doublait tout à coup, et cela quand même la science n’interviendrait pas pour faire sortir l’agriculture de ses procédés empiriques et mettre à son service toutes les ressources fournies maintenant par la chimie, la physique, la météorologie, la mécanique. Dans la grande famille de l’humanité, la faim n’est pas seulement le résultat d’un crime collectif, elle est encore une absurdité, puisque les produits dépassent deux fois les nécessités de la consommation.

Remarque : les anarchistes sont nombreux à penser la Terre comme un astre isolé dans l’espace mais suffisante à assurer le bonheur de toute l’humanité si la justice sociale est réalisée. Élisée Reclus (1830-1905) s’inscrit ici clairement contre Malthus, qui est convaincu que les ressources sont limitées et partisan de l’égoïsme. Même s’il croit au progrès technique, il n’est pas pour autant aveugle sur ses possibles dérives. Son livre, L’Évolution, la Révolution et l’Idéal anarchique, paru en 1897 est l’un des plus importants ouvrages de philosophie politique de son époque et constitue, encore aujourd’hui, un apport utile à la compréhension des questions environnementales. Il mérite vraiment d’être redécouvert. Le PDF (8,6 Mo) de la cinquième édition, revue et corrigée, est téléchargeable gratuitement sur le site Internet Archive.

Référence : Élisée Reclus (1897). L’Évolution, la Révolution et l’Idéal anarchique, Stock (Paris), collection Bibliothèque sociologique : 296 p.

llustration : photographie par Nadar en 1903.

 

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