Histoire, culture et environnement

Citations

“Ce serait un grand bonheur pour les animaux, si chaque être humain songeait au bien-être des créatures inférieures »

Comme les vieux rouges-gorges, qui étaient les principaux héros de mon récit, sont heureux, il est temps de l’achever. Mais mes jeunes lecteurs  désireront sans doute connaître la suite de l’histoire ; je dois donc la leur dire en aussi peu de mots que possible.
Harriet suivit les préceptes et les exemples de sa mère,  et elle devint la bienfaitrice de toutes les personnes et de toutes les créatures qu’elle rencontra.
Frederick, élevé d’après les mêmes principes, ne se montra jamais cruel envers les animaux, et ne leur témoigna cependant pas une tendresse exagérée. Il se fit assez remarquer par sa bienveillance pour mériter et obtenir la réputation d’un excellent homme.
Miss Lucy Jenkins fut tout à fait corrigée par la remontrance de Mme Benson et par l’exemple de ses amis. Mais son frère continua à exercer sa barbarie sur de malheureux animaux, jusqu’à l’époque où on le mit en pension. Là, n’ayant plus l’occasion de continuer à agir de même, il exerça ses mauvais instincts contre ses camarades, et prit plaisir à leur tirer les cheveux, à pincer et à taquiner les plus jeunes. Quand il parvint à l’âge d’homme, son cœur était tellement endurci qu’aucune souffrance ne pouvait l’intéresser, et qu’il ne se souciait de nul autre que de lui-même. En conséquence, il était méprisé par toutes les personnes avec lesquelles il avait la moindre relation, il vécut de cette manière pendant plusieurs années. Enfin, un jour qu’il frappait inhumainement de la cravache et de l’éperon un cheval qui ne marchait pas aussi vite qu’il l’aurait voulu, la pauvre bête, en s’efforçant de se soustraire à ses mauvais traitements, jeta parterre son brutal cavalier, qui fut tué sur le coup.
[…]
Ce serait un grand bonheur pour les animaux, si, comme la bonne Mme Benson, chaque être humain songeait au bien-être des créatures inférieures, sans les gâter par trop d’indulgence ni les faire souffrir en les tyrannisant. Ce serait un grand bonheur pour l’humanité, si, comme elle, chacun agissait d’accord avec la volonté du Créateur, en cultivant, dans son propre esprit et dans celui de ses enfants, le divin principe de la charité universelle!

Remarque : en 1786 paraît l’un des premiers ouvrages spécifiquement écrit pour les enfants Fabulous Histories: Designed for the Instruction of Children, Respecting their Treatment of Animals écrit par la britannique Sarah Trimmer (1741-1810). Traduit en français trois ans plus tard sous le titre Histoires fabuleuses destinées à l’instruction des enfans dans ce qui regarde leur conduite envers les animaux, il devient l’un plus important best-sellers de la littérature jeunesse du XIXe siècle et sera réédité jusqu’au début du XXe siècle. L’auteure narre l’histoire d’une famille humaine et d’une famille de rouge-gorge et y explique le nécessaire apprentissage par les enfants de la bonté et de la charité. L’extrait ci-dessus se trouve dans la conclusion : on découvre que les enfants charitables, envers les animaux comme envers les hommes, deviennent des adultes heureux et respectés, un seul garçon ne suit pas cette voie et il est tué par le cheval qu’il maltraite, une fin que l’on retrouve dans bien d’autres œuvres morales de cette époque comme dans la célèbre série de gravures Les Quatres âges de la cruauté de William Hogarth. Le livre de Trimmer est représentatif des discours moraux sur le rapport à l’animal et la condamnation de la cruauté, omniprésents dans la littérature occidentale des XVIIIe et XIXe siècle. L’ouvrage est  téléchargeable gratuitement sur le site de Gallica.

Référence : Sarah Trimmer (1789). Histoires fabuleuses destinées à l’instruction des enfans dans ce qui regarde leur conduite envers les animaux, F. Dufart (Genève) : 193 + 175 p.).

lllustration : portrait par Henry Howard (1769–1847) exposé en 1798 et visible à la National Portrait Gallery.

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