Les animaux sont les frères aînés de l’homme ; ils étaient avant qu’il ne fut. […] Le monde, il est vrai, fut donné à l’homme ; mais non pas à lui seul, non pas à lui pour la première fois. Il n’est pas d’élément où les animaux ne lui disputent le pouvoir suprême. Il faut qu’il apprivoise telle espèce, qu’il lutte longtemps contre telle autre ; quelques-unes échappent à son empire, d’autres engagent avec lui une guerre éternelle ; en un mot, toutes les espèces étendent leur domaine sur la terre à proportion de leur capacité de leur adresse, de leur force ou de leur courage.
Remarque : cet extrait d’un ouvrage paru initialement en 1784-1791 (traduit en français en 1827-1828) de Johann Gottfried von Herder (1744-1803), philosophe, théologien et mentor de Goethe, affirme que l’être humain ne peut être considérer en dehors des relations qu’il entretient avec le monde vivant, un thème extrêmement banal pour les philosophes et les savants des XVIIIe et XIXe siècles. Von Herder fait aussi remarquer que l’on ne peut faire l’histoire des êtres humains sans faire celle des relations entre ceux-ci et les animaux. Le combat que présente von Herder décrit n’est pas très éloigné de la lutte pour la vie présente dans l’œuvre de Charles Darwin plus d’un demi-siècle plus tard.
Référence : Johann Gottfried von Herder (1827). Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité. Tome 1, F. G. Levrault (Paris) : 376 p.
Illustration : portrait de 1809 par Gerhard von Kügelgen (1772–1820), Tartu University Library.