ANES : Vous êtes intervenue la semaine dernière devant le Conseil d’orientation stratégique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) pour affirmer que “La protection de la biodiversité ne peut se faire sans justice sociale”. Pourtant jusqu’ici ces deux questions sont toujours traitées séparément dans le débat public. Comment l’expliquez-vous ?
Valérie Chansigaud : l’explication est historique. On a longtemps considéré que la sauvegarde de l’environnement, était soit apolitique –mais qui peut y croire ? l’apolitisme est un mythe dès qu’il est question de gestion sociale– soit conservatrice, voire aussi totalement réactionnaire. Lors qu’en 45-46-47 apparaissent les grands best-sellers sur la question de la démographie, des ressources naturelles, qui vont vraiment forger le début de la prise de conscience des questions d’environnement, c’est sur le mode de la préservation des inégalités sociales. On veut préserver le fonctionnement de la société telle qu’elle est. On n’est pas tellement gêné par l’existence d’inégalités sociales, on veut simplement que la société dure un peu plus longtemps. Et parfois cette idée de protection de la nature est même l’occasion de discours franchement réactionnaires. Le problème c’est que cette histoire noire de la protection de la nature est très peu connue. Pas parce que les éléments sont difficiles à trouver, qu’il faudrait faire un travail d’historien compliqué – beaucoup de choses sont accessibles- mais parce qu’on n’a pas envie de considérer les choses comme ça.
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